La drôle de mésaventure de Chrystel…

Elle est née à Nantes il y a 55 ans. Elle a renouvelé sa carte d’identité à plusieurs reprises. Elle s’est mariée sans aucun souci il y a 6 ans à La Chevallerais. Elle y vit d’ailleurs depuis 20 ans. Pourtant, la France lui demande désormais de prouver… qu’elle est française ! Chrystel David, agent au service restauration à la commune, est en colère : sa demande de renouvellement de carte d’identité, effectuée le 9 décembre, a été refusée. Motif : « Les autorités me demandent si je suis bien française. Je dois remplir un certificat de nationalité pour le prouver. Je dois fournir les actes de naissance de mes parents et grands-parents et de mon premier ascendant, né… à Issé. Mes parents et ma grand-mère sont nés, eux, en Algérie. Mon papa est décédé et ma maman souffre d’Alzheimer et ne se souvient même pas de son année de naissance. » Chrystel est en train de constituer son fastidieux dossier. En croisant les doigts pour obtenir sa carte d’identité avant le 30 mai, date d’expiration de l’actuelle carte. « J’ai prévu de partir en Espagne cet été. J’espère que ça ne posera pas de problème ! »

Contactée, la mairie de Nozay, où Chrystel a effectué sa demande, admet que Chrystel n’est pas la seule dans cette situation. Auparavant, les demandes étaient gérées par des sous-préfectures. Désormais, les cartes d’identité de Loire-Atlantique sont gérées par la préfecture de la Sarthe, à priori beaucoup plus « regardante ». N’ayant plus trace d’anciens documents, la préfecture exige aux demandeurs nés à l’étranger ou de parents étrangers de reconstituer l’intégralité de leur dossier.

Chrystel compte sur une réaction de la préfecture. Elle s’impatiente : « C’est beaucoup beaucoup de démarches. Je suis issue d’une famille de pieds-noirs mais je suis bien Française ! Pour moi, c’est discriminatoire ! Mon frère et ma tante, qui sont nés à Alger ont fait refaire leur carte d’identité il y a quelques mois, ça n’a posé aucun problème. » Là encore, la mairie de Nozay admet que toutes les préfectures n’ont pas les mêmes niveaux d’exigence.